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9es rencontres internationalistes de Vénissieux

Justo Rodriguez, Cuba résiste encore et toujours à l’impérialisme !

Intervention de Justo Rodriguez, Représentant de l’Ambassade de Cuba
Samedi 19 octobre 2019

Laurent Brun : un autre exemple à la tribune c’est la situation de Cuba qui est confronté à la fois à un durcissement du blocus américain, à l’attaque des pays alliés dans la région, que ce soit le Brésil, le Vénezuela et d’autres et malgré cela Cuba continue de résister. Qu’est ce qui se passe à Â Cuba ?

Justo Rodriguez : Bonjour à tous, merci pour l’invitation, merci à la mairie de Vénissieux et à Mme le Maire, aux organisateurs de cette rencontre internationale qui permettent aux communistes, je pense, d’échanger les différentes visions sur le combat à mener et c’est important de le faire. J’ai préparé une intervention sur l’écologie, c’est ce que nous aborderons cette après-midi. Je vais vous donner des réflexions concernant l’actualité de mon pays et je suis disposé à répondre à vos questions, à connaitre ce qui vous intéresse de mon pays. Je vais vous livrer certains éléments concernant la situation à Cuba.

Depuis février de cette année, nous avons eu une nouvelle constitution, la dernière remontant à 1992, durant ce temps nous avons fait quelques modifications et pris quelques mesures politiques et nous avons dû renouveler notre constitution afin de mettre à jour tous ces éléments. Il est important de souligner que l’article principal de cette nouvelle constitution réaffirme la nature communiste du projet révolutionnaire de mon pays. C’est une question qui est hors de discussion, cet article existait en 1992 et a été réaffirmé à l’article 100 de cette nouvelle constitution de février 2019 .

L’important également de souligner est qu’à partir de 2010 nous avons développé de nouvelles mesures, de nouvelles politiques pour adapter notre système socialiste vers le communisme au scénario actuel de Cuba, de la région qui a beaucoup changé lors des 20 dernières années ainsi que la situation internationale. C’est l’essence même du pouvoir car il y a les demandes de la population, il y a des questions difficiles à gérer du point de vue économique, il y a des questions politiques qui sont importantes aussi. C’est l’exercice que fait le parti communiste à Cuba pour résoudre les problèmes et mieux répondre à la demande des citoyens.

C’est important aussi car la question du salaire et du pouvoir d’achat posent pas mal de questions à nos amis communistes en France, je voulais vous informer qu’à partir de juillet de cette année, on a fait une très importante augmentation du salaire de tous les secteurs des entreprises socialistes y compris de l’appareil de l’état car c’était un secteur où les salaires étaient les plus bas, ça avait été une décision de Fidel quand la révolution à commencer à prendre forme de baisser les salaires de l’appareil de l’état pour améliorer les salaires des entreprises, des travailleurs et nous avons eu une situation qu’il a fallu gérer et nous avons donc augmenter tous les salaires de l’état et du secteur socialiste. Le salaire moyen était avant de 700 pesos, nous avons doublé, même triplé et même parfois des personnes ont vu leur salaire quadruplé. Nous avons donc une situation salariale meilleure.

C’est vrai qu’il y a d’autres défis dont je vais parler après, qui sont un peu plus complexes. La situation du point de vue salariale va mieux. Au niveau international, mon pays est une toute petite ile avec des ressources matérielles limitées, c’est pourquoi nous devons être ouvert à l’international. Je vais vous informer brièvement comment ça se passe depuis 5 ans. Pendant les deux dernières années de la présidence d’Obama il y a eu pas mal d’avancées, pour la première fois depuis la révolution, nous sommes arrivés à nous assoir avec le président américain, à s’assoir avec les représentants du gouvernement américain, à nous parler en face, sur le même pied d’égalité pour parler de questions importantes puisque nous sommes des pays voisins. On a parlé de plusieurs sujets et nous étions parvenu à ce que les américains nous regardent comme un pays égal, comme un état souverain et égal.

C’est vrai qu’il y a de profondes différences parce qu’ils ont toujours voulu que Cuba leur appartienne d’une manière ou d’une autre mais on a réussi à se parler ce qui a été important. Après l’arrivée de Trump à la Maison Blanche on a assisté à un recul total de tout ce qu’on avait pu parler avec eux. Cela s’est traduit par un renforcement du blocus, de la rhétorique raciste du passé, un renforcement de l’agressivité à l’égard de Cuba et de tous et de toute l’Amérique Latine comme vous avez pu le constater. Et je peux dire sans exagération que nous sommes dans le pire moment de notre relation avec les Etats Unis depuis la crise de 1962. C’est-à -dire qu’aujourd’hui nous avons une relation presque de guerre avec les Etats Unis qui maintiennent aujourd’hui un blocus de guerre parce qu’ils ne permettent pas que des bateaux arrivent à Cuba, il y a presque une ceinture de blocage autour de Cuba. Il y a une image de satellite, que vous avez peut être du voir, qui a été prise il y a 2 ou 3 semaines qui montre qu’il y a beaucoup de bateaux dans la Mer des Caraibes, signalés par des points rouges, bleus ou verts, selon ce qu’ils transportent et aucun de ces bateaux touchent Cuba, et surtout les bateaux qui amènent du pétrole ou du combustible.

La loi Hells Bolton qui régente le blocus, un ensemble de lois depuis 1996, beaucoup de lois ont été rajoutées, mais depuis 1996, jamais les articles 3 et 4 de cette loi avaient été appliquées jusqu’à ce jour où Trump a décidé de les appliquer. Les articles 3 et 4 de cette loi sont presque un acte de guerre, ils indiquent que n’importe quel américain peut présenter des processus légaux aux tribunaux américains pour demander des titres de propriétés, propriétés qui ont été nationalisées au début de la révolution. Donc aujourd’hui, bien qu’il n’y ait pas eu beaucoup de demandes, environ une dizaine, de personne qui ont entamé un procès pour se proclamer légitimes propriétaires de terre qui ont été nationalisées lors de la révolution en 1959. C’est la situation aujourd’hui.

L’autre question c’est la question régionale. Il y a une recrudescence de la droite en Amérique Latine, bien qu’il y ait quelques éléments changeants qui commencent à apparaitre comme en Argentine. On connait les limites de certains gouvernements de gauche mais c’est un scénario meilleur de ce qu’il y a aujourd’hui en Argentine. Vous avez également vu que le Tribunal Suprême du Brésil a déclaré que Lula était innocent de certains faits dont il était accusé. Nos frères du Venezuela résistent toujours et ils vivent aussi une situation difficile avec les américains, le Nicaragua résiste aussi mais il souffre des essais constants de déstabilisation du pays. Vous connaissez la situation qu’il y a en Equateur depuis quelques jours avec Lenin Moreno, je ne peux pas parler des gouvernements avec lesquels nous avons des relations diplomatiques, avec ce gouvernement nous avons des relations diplomatiques bien que ce ne soit pas un gouvernement ami. Voilà un petit peu le scénario actuel, j’ai été bref et je voudrais maintenant répondre aux questions s’il y en a.

Question sur la Chine

La Chine est le 3e partenaire commercial de Cuba après le Venezuela et l’Union Européenne. Nous avons du faire des affaires avec l’Europe car nous ne pouvons pas en faire avec les Etats Unis. La Chine a un énorme potentiel pour travailler avec Cuba, nous avons de grands projets à mener dans le secteur de la bio technologie avec la Chine, la seule usine de bio technologie de Cuba qui est en dehors de l’ile est en Chine. C’est très important pour nous car nous sommes un tout petit pays d’avoir une entreprise en dehors de nos frontières. On partage avec eux notre vision vers le communisme, je sais que nous avons des différences dans la construction du communisme mais je ne les connais pas dans le détail. La Chine ne peut pas se comparer à Cuba, nous sommes aux antipodes sur les questions de ressources minérales, de la population, de la démographie, etc. Nous sommes toujours respectueux des différences et de l’interprétation de chacun pour son avenir car nous avons toujours été montré du doigt, accusé, donc pour nous c’est important de respecter les choix des autres. En tout cas, nous avons d’excellentes relations avec la Chine. Des délégations importantes du parti communiste cubain vont régulièrement en Chine, nous parlons et nous avons des stratégies communes pour coopérer et pour partager nos visions du monde et la Chine reste un partenaire important d’un point de vue géo politique pour Cuba. Le monde d’aujourd’hui fonctionne sur la base du pouvoir et des questions se débattent et se règlent au sein des Nations Unis où la Chine a un rôle actif et est très présente car la Chine va devenir la première puissance mondiale. Nous avons donc un partage de vision politique, un partage d’intérêts, la Chine dit toujours que Cuba est son premier partenaire en Amérique Latine surtout par rapport au consensus politique que nous avons mais nous souhaitons développer plus de relations économiques.

Question sur les caraibes

Concernant les Caraibes, c’est une très bonne question. Je ne suis pas spécialiste de la région mais il est vrai que les Caraibes sont plus multiculturelles que l’Amérique Latine. Il y a des pays qui ont été colonies des britanniques, des français, des espagnols et il y a Puerto Rico, c’est donc un espace très multiculturel. Je ne pense pas qu’il y ait une situation de conflit qui pourrait survenir parce que personne n’y trouverait un intérêt. La politique des colonies britanniques est très alignée au Royaume Uni même s’ils sont très intéressé par le développement de CARICOM, ils sont engagés dans ce développement et dans le ACC, l’association des Etats des Caraibes mais ils ont toujours un œil sur ce qui se passe au Royaume Uni et le Royaume Uni est le premier allié des américains. Il y a la question aussi de Puerto Rico mais tout passe par la présence de Trump. Trump a tendance à vouloir modifier ce qui se passe sur le continent parce que dans les dernières années d’Obama mais je répondrai après au camarade. C’est vrai qu’avec Trump, tout le monde se demande, est-ce que les Etats Unis sont véritablement de bons partenaires parce que Trump n’a pas vraiment d’alliés, n’a pas vraiment d’amis. Je ne pense pas que l’on a le même contexte qu’au Moyen Orient mais c’est vrai que le scénario peut être semblable. Puerto Rico est l’exemple le plus intéressant. Cuba demande toujours une résolution au sein des commissions des Nations Unies pour que Puerto Rico soit un pays à part entière même si Puerto Rico ne le fait pas, c’est une tradition historique. Puerto Rico et Cuba ont été deux pays de la colonie espagnole qui se sont libérés au début du 20e siècle.

Question sur Obama

La dernière question concerne Obama. Moi aussi je ne pense pas qu’Obama soit un ami. Si vous me demandez sans les micros dans un coin de la salle je vous dirai que je me méfie d’Obama et que je ne lui fais pas confiance, je suis issu de la jeunesse communiste de Cuba, j’ai passé ma vie à lire des documents de Fidel et du Che et aux américains il ne faut pas leur donner un brin de confiance ni d’espace mais il faut toujours réfléchir parce qu’on voudrait que les communistes arrivent aux Etats Unis mais ce n’est pas le cas. Obama, c’est vrai qu’il a changé les relations avec Cuba et ça c’est un premier et nous avons eu la chance de nous assoir avec lui, Raul Castro s’est assis avec lui et lors des échanges il lui a dit, vous savez depuis presque 60 ans vous avez eu l’intention de vous approprier de notre pays. Ceci doit s’arrêter et pour la première fois les américains ont dit, par l’intermédiaire d’Obama, dans son discours de 2017, que leur politique envers Cuba a été un échec. C’est un premier pas important pour nous qu’un président de la première puissance mondiale dise que sa politique vis-à -vis de Cuba a été un échec et qu’elle doit changer. Nous lui en sommes reconnaissants pour ce geste diplomatique. En diplomatie, tout se passe par des gestes diplomatiques et nous avons pu établir un dialogue en connaissant nos différences, les limites de chacun et nous avons dit en premier lieu que Cuba ne changera jamais son système pour avoir de bonnes relations avec les Etats Unis.

Nous avons donc échangé sur des questions migratoires car nous sommes des pays voisins mais nous ne parlions pas d’immigration, nous sommes des pays voisins mais nous ne parlions pas de la mer que nous partageons, de la question familiale car il y a pas mal de familles aux Etats Unis, de la lutte contre le narco trafic enfin tous les sujets dont les états se parlent pour se mettre d’accord. Mais au fond, nous savons qu’Obama a changé sa vision, sa politique parce qu’il s’est rendu compte que la manière de changer le système politique à Cuba ce n’était pas par l’agressivité mais par le dialogue et l’influence des médias. Quel a été le premier budget qu’Obama a développé pour Cuba c’est l’ouverture des médias américains à Cuba, de nous donner la fameuse fibre optique pour nous envoyer toute l’information pour essayer de changer la mentalité des jeunes à Cuba. Nous avons donc parlé avec vous mais nous savons que votre but est de changer notre système. Pour nous, c’est un défi mais aussi une opportunité, un défi que nous connaissons mais aussi une opportunité pour avoir des relations normales. Nous avons toujours voulu des relations normales avec les Etats Unis malgré nos différences, qui seront toujours là .

Un cas de coopération à défendre en France sur le rail à Cuba

Laurent Brun : Un petit mot sur le sujet car il y a quand même une chose qu’il faut qu’on sache par rapport à la situation de Cuba et par rapport à la politique de la France. Il y a un plan des infrastructures de transport qui a été lancé par Cuba parmi pleins d’autres qui ont été lancés pour le développement économique et qui inclut notamment le développement ferroviaire. Et dans ce cadre de ce développement ferroviaire, il y a un partenariat qui est travaillé entre la Compagnie Ferroviaire de Cuba et la SNCF en France. La SNCF doit normalement contribué à la rénovation des ateliers des entretiens du matériel, on doit commencer à entretenir un ??? pour les locomotives, je vous passe les aspects techniques et on devrait pouvoir venir faire venir ces pièces à l’atelier de Vénissieux qui est en construction à côté sauf qu’avec le renforcement des lois Helms Burton, la SNCF est extrêmement, on va dire, en recul sur la signature de ce partenariat et le gouvernement français, finalement, cède, face à la pression des Etats Unis et aujourd’hui c’est donc les Etats-Unis qui disent à la France et à tous les pays du monde, avec qui on peut développer des partenariats ou pas. Je pense que c’est donc important d’avoir cet élément là parce qu’une campagne va être lancée, au moins par les cheminots, pour essayer de faire aboutir ce partenariat et je pense que pour le coup sur Vénissieux on pourrait aussi travailler ça parce que normalement il était prévu qu’une partie des pièces viennent ici. Il faut qu’on se dise que ce sont des gros sujets géo politiques mais aussi à titre individuel et collectif que quand on s’organise et qu’on mène des batailles on peut peser modestement sur ce sujet là et je propose que l’on y réfléchisse

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