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La science de l’organisation…

Introduction de Laurent Brun sur la situation sociale
Lundi 18 juin 2018

La politique de Macron parait précipitée et brouillonne, mais en réalité, les réformes visent à transformer le modèle social Français issu de 1936 et 1945, avec 3 axes essentiels :

  • la recomposition d l’accès au droit qui devient individuel pour se rapprocher d’un acte de consommation. Cela va de la casse du droit du travail à la protection sociale, en passant par la sélection l’université, la formation professionnelle, ou encore la justice…
  • la recomposition du rôle de l’état qui se désengage de la gestion de l’économie pour laisser la place aux marchés. Cela va de la privatisation au simple rejet des plans sociaux, en passant par la dérégulation
  • la recomposition de l’organisation territoriale qui se concentre sur les monopoles

Face à toutes ces attaques portées par les différentes réformes ou leurs conséquences, il y a de fortes réactions des salariés : 70 universités touchées par des actions de grève, mouvement des cheminots, d’Air France, de l’énergie, conflits dans les hôpitaux et les EPHAD, grève des bureaux de postes et d’entreprises privées, comme Carrefour ou manif des avocats

Problème, ces luttes ne s’amplifient pas dans leur secteur et ne s’agrègent pas en interpro… Pourquoi ?

Parce-que malgré la colère, la dépolitisation de la population débouche sur un fatalisme qui écrase toute réaction collective, plus particulièrement dans le privé

Il faut donc s’attaquer aux racines du mal.

Dans l’immédiat, si les salariés ont des difficultés à voir les enjeux globaux, il faut partir de leurs préoccupations quotidiennes et faire le lien avec une analyse globale. C’est le rôle de la tactique syndicale.

A plus long terme, il faut montrer ce qui « fait système » dans les réformes ou les attaques patronales

  • quand l’état s’attaque aux status des cheminots ou des fonctionnaires et que dans le même temps, le patronat s’attaque aux conventions collectives nationales (métallurgie, chimie, énergie…)
  • Quand la réforme du lycée prévoit l’organisation des apprentissages par blocs de compétences et que dans le même temps, les patrons ne veulent plus classifier la rémunération par métier mais par bloc de tâches.

C’est le rôle du parti de décrypter, d’expliquer et de montrer l’alternative

La lutte est extrêmement dure en ce moment, ils sont très violents, en face, mais il y a une disponibilité des salariés qui témoignent de leur malaise. Les manifestations de retraités qui étaient trois fois plus nombreux qu’auparavant, la journée des EPAHD qui a été un témoignage énorme du malaise dans ces professions, la première journée des fonctionnaires… le problème, c’est que pour passer du témoignage qu’on est mécontent à l’engagement dans l’action, il manque quelque-chose dans la tête des salariés, ce qui explique qu’on a une deuxième journée des fonctionnaires pas géniale, un mouvement des EPHAD qui a tendance à s’effriter.. parce-que les salariés en sont pour l’instant à l’expression de leur mécontentement. Notre rôle c’est de structurer ce mécontentement en force d’action.

Il y a une conscience de classe qui est diffuse dans la population, mais qui reste forte… On le mesure au niveau des cheminots par l’expression de la solidarité qui est très forte, y compris dans les quartiers populaires. Elle s’exprime autour de trois idées

  • On en a marre qu’ils prennent toujours dans les mêmes poches,
  • Vous défendez le service public et si le service public est cassé, c’est pas bon pour nous
  • Si vous, qui êtes mieux organisé, vous dérouillez, nous qui ne sommes pas organisé on va dérouiller encore plus… Même si ça n’amène pas directement à l’action, parce-que les gens n’ont pas accès à l’organisation pour l’action, c’est une conscience de classe diffuse sur laquelle on peut s’appuyer, sur laquelle on peut construire On a des exemples qui le montre. L’exemple d’Air France est significatif de la question du fatalisme. Les patrons étaient tellement persuadés que les salariés ne se rebifferaient pas, qu’ils finiraient par accepter quoi qu’on fasse… Ils se disaient « on a signé un accord avec les syndicats réformistes, il y a des syndicats pénibles qui mènent la bataille pour les salaires, et on dot lâcher un peu, mais on va faire appel aux salariés parce-qu’ils sont moins conscients que les syndiqués organisés et ils goberont tout, il suffira de leur mettre un peu de pression… » Et bien même si les salariés sont très dépolitisés, peu organisés et pas prêt à se battre, ils ne sont pas prêt à tout accepter et ça s’est traduit par le rejet du plan du patron, qui était tellement persuadé qu’il allait gagner qu’il s’est exposé personnellement et s’est fait déboiter.

Notre problème, c’est comment partir de cette conscience de classe diffuse, de ce ras le bol, comment affronter le fatalisme pour organiser l’action. Du vote à la grève, il y a pourtant encore un pas à franchir…

C’est la même situation à la SNCF avec un vote à 95% et pourtant il n’y a pas 95% de grévistes, on est autour de 20%, ça tourne, donc on estime que 40 à 50% des salariés ont participé, il y a réellement une opposition très très forte à la réforme, mais ce n’est pas 95%…entre le témoignage et l’action…

La colère sociale existe, mais comment mettre en place les idées, la théorie révolutionnaire, pour aider ? Par exemple une des difficultés des syndicalistes, c’est l’absence de dialectique pour aider les salariés à penser les contradictions, à ne pas voir tout en blanc et noir. Par exemple sur la réforme ferroviaire, croire que si on ne fait pas tomber le gouvernement Macron, on aura perdu. Mais quand on voit les choses comme ça, on n’arrête pas de perdre ! alors que nos luttes imposent des choses, des reculs, parfois quelques victoires, mais comme on ne gagne pas par KO, les salariés considèrent qu’on ne gagne pas et le fatalisme grandit… Il y un vrai besoin de théorie et d’idéologie à faire grandir dans la population.

Il y a aussi besoin d’un programme montrant ce que serait concrètement la vie des gens si notre camp avait le pouvoir, un programme suffisamment étayé et argumenté pour être crédible, pour avoir du sens.

Et enfin, il faut remettre au gout du jour la nécessité de l’organisation. Si on compte sur la génération spontanée, il n’y a pas d’action. Chez les cheminots si on arrive à tenir le conflit, à faire toutes les actions, à décider d’une action et l’organiser en quelques jours (par exemple le vote, 91000 salariés dans 500 bureaux de votes monté en 4 jours), c’est parce-qu’on a une organisation… Sans science de l’organisation, y compris à connaitre nos limites pour pousser l’organisation sans être dans l’idéalisme, on ne peut progresser.

Ce qui conduit à la question du parti communiste et du congrès. Il ne suffit plus de dénoncer les attaques, il y a en tellement que ça s’empile et que cela renforce même le fatalisme. Il ne suffit plus de proposer une action, que ce soit une journée de grève ou la grève générale, car l’action collective a perdu de sa crédibilisée, il faut que cette action soit adaptée à nos forces pour faire progresser l’organisation et donc le niveau des actions. Il faut reconstruire. C’est l’objet du débat : Le congrès doit aborder ces questions, évaluer que le mouvement social est fort, mais moins fort que le mouvement patronal et que pour marquer des points, et inverser le rapport des forces, il faut que le PCF intervienne.

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