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Rencontres internationalistes 2012

être patriote et en même temps internationaliste ?

Introduction de Georges Gastaud
Mercredi 11 septembre 2013 — Dernier ajout mardi 18 août 2020

Laurent Brun anime le premier débat

Bienvenus à tous pour le premier débat de la matinée et de la journée sur ces journées internationalistes de Vénissieux. Notre premier débat aura pour thème patriotisme et internationalisme. Pour cette occasion, d’abord j’excuse l’absence Jésus Anado Perez ambassadeur de la république Bolivarienne du Venezuela qui aurait aimé être présent mais qui malheureusement de par ses fonctions n’a pas pu se libérer. Nous avons la présence d’un certain nombre de camarades et notamment d’un camarade nicaraguayen. Nous remercions également la présence d’un nombre d’élus, je passerai liste, et donc nous avons aujourd’hui invité pour ce débat Georges Gastaud, à ma droite, écrivain et philosophe communiste auteur d’un livre intitulé «  Patriotisme internationalisme, éléments de réflexion marxiste sur la question nationale ». Nous avons également comme invité, à ma gauche, Jean Paul Guerard Villa ambassadeur de la république de Bolivie et également Orlando Requeijo Gual ambassadeur de la république cubaine. Déjà merci d’avoir répondu à notre invitation. Comme à chaque fois dans nos initiatives et dans notre parti politique pour essayer ce matin sur la question de la nation et de l’internationalisme de lier la théorie à la pratique. C’est pour ça que nous avons à la fois un philosophe qui apportera des éléments de contenu et de théorie, et également les ambassadeurs qui pourront témoigner d’expériences pratiques sur ces questions de nation, de lutte nationale et internationale. Donc dans un premier temps Georges Gastaud, la question que l’on envie de se poser et notamment parce qu’en France il y a beaucoup de débats autour de ça et beaucoup récupération autour de ça, c’est : peut-on être patriote et en même temps internationaliste est-ce que c’est compatible ?

Georges Gastaud 

Je salue d’abord les représentants de Cuba et de la Bolivie. Ce sont des pays qui justement manifestent de la façon la plus claire et la plus pratique, la plus concrète, l’unité de l’internationalisme et du patriotisme. Puisque ces pays se battent à la fois sur la base du patriotisme, la défense de leur indépendance nationale contre l’empire États-unien et en même temps sur le développement des liens à l’échelle nationale et à l’échelle latino américaine voire mondiale. Je veux dire aussi que la grande question qui nous est posée aujourd’hui c’est une question que, nous philosophes, nous appelons une question de dialectique. Il faut dialectiser ces deux termes c’est-à -dire montrer que ces deux notions que l’idéologie dominante présentent sans arrêt comme étant contradictoires, opposer le patriotisme d’un côté l’internationalisme de l’autre sont en réalité de multiples façons étroitement liées l’une à l’autre.

En gros, mon propos sera un propos dialectique. Comment articuler le patriotisme et l’internationalisme. Bien entendu, comme vous allez le voir, il ne s’agit pas de n’importe quel patriotisme et il ne s’agit pas non plus n’importe quel internationalisme. Il va falloir donner à ces deux notions, comme y invite le marxisme, ce que l’on appelle le contenu de classe. Là -dessus je voudrais simplement, pour que l’on voit bien les enjeux, constater que comme dans d’autres pays le principal danger qui pèse sur le peuple français, c’est ce que j’appellerai une tenaille ou un étau, entre d’un côté les représentants de ce que j’appelle quelquefois le parti Maastrichtien unique le PMU le PMU bis, c’est-à -dire d’un côté, la droite UMP mais aussi la haute direction du parti socialiste qui tous les deux sont favorables à ce que l’on appelle l’Europe fédérale, c’est-à -dire la mise en place d’un empire européen dont la véritable capitale serait non pas Bruxelles mais Berlin et qui donc signerait la fin, la mort littéralement des nations européennes en tant que nation indépendante. C’est ça l’Europe fédérale. Ça c’est la première branche de la tenaille.

La deuxième branche de la tenaille dans laquelle est enserré le peuple français et contre laquelle nous devons nous battre, c’est ce qui est en train de se former autour du rassemblement de bleu marine et de UMP telle quelle dérive actuellement depuis bien des années avec Sarkozy, maintenant Copé et Fillon vers effectivement une sorte de nationalisme et de xénophobie islamophobe extrêmement dangereuse. Et là , on va enfermer le peuple français entre ceux qui d’un côté serait pour la dissolution de la nation au nom de l’internationalisme au nom de l’Europe etc. et d’un autre côté ceux qui défendraient la nation sur des bases xénophobes et islamophobes tout à fait chauvines et racistes. Et donc au fond on dit aux gens : soient vous êtes internationalistes et dans ce cas acceptez les démolitions de la France en pays indépendant soit vous êtes patriote et dans ce cas acceptez que le drapeau tricolore soit confisqué au profit de gens en réalité des racistes, fascistes, des gens qui eux-mêmes se sont mouillés avec toute cette extrême droite en France, ont collaboré pendant la deuxième guerre mondiale, qui est par conséquent le contraire même du véritable patriotisme.

Donc notre sujet c’est comment casser la tenaille, comment casser l’étau, comment faire en sorte que comme à l’époque du grand parti communiste français, Jacques Duclos ou Maurice Thorez, allier les deux drapeaux tricolores, celui de la révolution française, ne l’oublions pas, et le drapeau rouge qui est le drapeau de classe ouvrière. C’était le discours de Jacques Duclos au stade du Buffalo le 14 juillet 1935. Et qui a lancé effectivement le front populaire et qui prescrivait justement d’unir le drapeau tricolore au drapeau rouge qui prescrivait également d’unir la marseillaise et l’internationale que l’on a bien tort d’opposer, je vous rappelle pour anecdote que l’international a été écrit par Jacques Gauthier sur l’air de la marseillaise. Vous pouvez chanter la marseillaise sur l’air de internationale et vice versa. Avant de créer quelques années plus tard une musique pour l’internationale.

Donc voilà mon propos c’est un peu celui-là , c’est à la fois théorique et pratique, la théorie, de toute façon, pour les partis ce n’est pas une finalité en elle-même, la théorie a pour finalité de transformer le monde. Vous Connaissez la phrase de Marx selon laquelle les philosophes ont interprété le monde mais que maintenant il s’agit de transformer. Et donc comment, même la théorie marxiste ouvre au profit en quelque sorte de cette recherche stratégique pour briser la tenaille, remettre le peuple français à l’offensive et lui rendre cette capacité qu’il a eue, notamment autour du Front populaire, autour de la résistance anti fasciste, autour de la libération, où il y a eu les plus grandes conquêtes sociales de toute l’histoire française, de le mettre effectivement à la tête de ces deux luttes qui sont des luttes jumelles, lutte pour indépendance nationale patriotisme et lutte contre l’internationalisme, prolétariat coopération entre les peuples et ainsi de suite.

Je vais commencer par dire quelques mots si vous voulez sur les aspects philosophiques du sujet. Dans mon livre j’ai développé l’idée que pour lancer fortement la dialectique il faut repasser par nos fondamentaux. Le fondamental du marxisme sur la question philosophique c’est essentiellement de savoir distinguer l’idéalisme et le matérialisme, de savoir distinguer la métaphysique et la dialectique, pardon pour les grands mots mais il faut bien les réintroduire, ce sont des concepts et sans concept on ne peut pas faire de philosophie.

L’idéalisme c’est l’idée, la conception selon laquelle les idées gouvernent tout, on ignore à ce moment-là les structures matérielles, on ignore en particulier les rapports de production, on ignore toutes sortes de choses qui déterminent notre vie au quotidien ; et la métaphysique, ce que l’on appelle la pensée métaphysique, c’est ce qui consiste à opposer les contraires entre eux à dire ou bien le jour ou la nuit, la guerre ou bien la paix etc. Alors qu’en réalité les contraires sont unis dans la vie, s’articule l’un à l’autre. Le fond de la pensée dialectique c’est de montrer en réalité qu’il n’y a pas de masculin sans féminin, il n’y a pas par exemple de bien sans mal et ainsi de suite tous les termes sont liés entre eux. Que nous dit la pensée idéaliste et métaphysique c’est-à -dire en gros celle de la bourgeoisie, celle de la classe dominante, sur le patriotisme et sur l’internationalisme ?

D’abord c’est une approche idéaliste qui consiste à dire le patriotisme sans chercher à voir le contenu de classe de ce patriotisme. Nous allons voir qu’il y a donc plusieurs patriotismes. Et d’autre part le mondialisme par exemple on vous dit «  la mondialisation » comme s’il n’y en avait qu’une possible, comme s’il n’y avait qu’un seul contenu de classe possible au monde, alors justement ici il faut faire un effort matérialiste, c’est-à -dire sans chercher très loin, vous y êtes tous allés en tant que militants communistes ou en tant que militants progressistes, syndicaux etc. donner du contenu de classe. Il n’y a pas qu’un patriotisme il y en a au moins deux, il y en a un que j’appelle le nationalisme qui consiste essentiellement donc à rejeter les étrangers, à faire preuve de racisme de xénophobie, d’islamophobie, aujourd’hui en particulier, c’est le thème de plus porteur, c’est la croisade des civilisations le choc des civilisations.

Mais il y a aussi un patriotisme qui lui est au contraire porteur de valeurs progressistes et universelles, celui qui par exemple né au cours de la révolution française, les révolutionnaires français s’appelaient patriotes, ces gens qui ont fait donc la bataille de Valmy dont nous fêtons cette année le 220e anniversaire, se battaient au nom de la nation. Quand ils disaient «  vive la nation » ils intégraient d’ailleurs à la nation des gens qui vivaient en France. Je vous rappelle par exemple que le principe inspirateur de la révolution française Jean-Jacques Rousseau n’est pas français d’origine il était Genevois, Suisse, et que le principal dirigeant de la révolution française avant Robespierre s’appelle Jean-Paul Marat qui était Piémontais, Italien. Par conséquent la nation était inclusive et incluait les étrangers qui se battaient pour l’indépendance du peuple français pour son progrès et ainsi de suite. Donc il y a deux patriotismes il y en a un mauvais, un peu caricatural, que j’appellerai le nationalisme, le chauvinisme, la xénophobie, ça c’est les réactionnaires bien évidemment puisque ça a pour but de diviser le peuple et il y a tout le contraire : un patriotisme progressiste.

D’un autre côté pour le mondialisme, c’est pareil, nous avons traditionnellement d’un côté l’internationalisme prolétarien, il faut mettre des adjectifs quand on est matérialiste, ce n’est pas l’internationalisme comme ça, le parti socialiste nous dit il faut être internationaliste donc il faut être pour l’Europe, mais non, il faut être internationaliste prolétarien et à ce moment-là , c’est l’union européenne qui est en train de casser nos acquis, vous voyez bien que c’est absurde. La réalité c’est qu’il y a l’internationalisme de la classe ouvrière qui primait par la formule du manifeste communiste «  prolétaire de tous les pays unissez-vous », ça c’est l’internationalisme prolétarien et il y a aussi en face un autre internationalisme que la plupart du temps dans la littérature marxiste on appelle le cosmopolitisme.

Le cosmopolitisme que l’on voit est celui des financiers, celui de la mondialisation financière, celui de la construction de vastes empires qui sont continentaux à notre époque, l’empire États-unien qui est en train de dominer toute l’Amérique du Nord et du Sud mais aussi l’empire européen qui est en train de se construire à l’heure actuelle ce qui n’a rien à voir avec le progrès social, tout au contraire, qui démolit tous le progrès social.

Il ne faut donc pas se tromper en disant ou bien je suis patriote ou bien je suis internationaliste quand on vous demande si vous êtes patriote, internationaliste, répondez quel patriotisme et quel internationalisme ? Est-ce que vous êtes pour la mondialisation et quelle mondialisation ? Moi je suis évidemment pour la mondialisation de peuples qui coopèrent entre eux librement et avec des nations libres souveraines, qui échangent d’État à État de façon équilibrée de façon égalitaire. Tout le contraire de la concurrence libre et non faussée de Maastricht, tout le contraire de cette guerre économie permanente que l’on inflige aux peuples, pour le moins disant le sociale avec des surenchères en permanence du côté des patrons pour faire baisser les salaires. Voilà .

Donc, ça c’est le premier aspect philosophique. Du coup, une conception marxiste de la nation va s’opposer à la fois à , je dirais la vision un petit peu biologique, raciste de la nation, qui a été développée au 20e siècle par l’extrême droite et en particulier par les nazis, cette conception qui consiste à dire : font partie de la nation ceux qui font partie de la même souche. C’est la fameuse histoire des Français de souche et pas de souche, comme si en fait la question d’appartenance nationale était celle des chromosomes, des gènes et ainsi de suite. Ce qui est une belle absurdité. Bien évidemment la France est un pays dans lequel le brassage des populations a eu lieu depuis non seulement des siècles mais depuis des millénaires en réalité. Donc le marxisme va s’opposer à cette conception des choses. Pour les marxistes la nation est une réalité non pas raciale, biologique, naturelle mais une réalité historique, elle s’est historiquement constituée, elle se forme dans l’histoire de peuples qui luttent ensembles pendant toute une période pour des objectifs communs. Ça c’est donc le premier aspect.

Le deuxième aspect philosophique il faut toujours avoir en tête, et bien il faut à mon avis être critique, alors non pas opposer catégoriquement car il ne faut pas ici mettre sur le même plan les conceptions républicaines et les concepts racistes, bien évidemment mais contre une certaine conception républicaine qui est très courante qui consiste à dire que font partie de la nation toutes les personnes qui décident de faire partie de la même nation. Non, ça ne suffit pas parce cela serait une conception idéaliste des choses.

Qu’est-ce qu’il va faire que nous appartenons à une nation ? Et bien, par exemple, le fait que nous parlions une même langue, que nous appartenons à la même histoire, que nous ayons le même territoire, que nous ayons des intérêts économiques communs, ce sont des données matérielles. Sinon évidemment vous ne pourrez pas défendre l’indépendance de France avec l’idée que nous ferons partie de la nation avec tous ceux qui décident de faire partie de la nation parce que si demain on décide, plus exactement on décide à votre place, que vous faites partie de la même nation européenne et bien du même coup d’un trait de plume, l’existence matérielle même de la nation est rayée de façon purement imaginaire. Non, la nation résulte avant tout d’un accord conscient des gens pour faire nation pour faire peuple ensemble.

Mais évidemment les gens ne sont pas idiots, ils se réfèrent à des réalités pour se mettre ensembles. Et ils se réfèrent en particulier à l’histoire, au territoire commun, ce sont des éléments centraux de la définition marxiste de la nation telle que ils ont été précisées par Staline. Bon, Staline, on ne peut pas tous avoir la même position là -dessus, mais enfin il a des textes sur la question nationale qui sont très solides, et il serait lâche de ma part de ne pas les citer sous prétexte que ce nom a été diabolisé, que Politzer par exemple Georges Politzer, c’est central, je pense que tout militant communiste doit avoir lu de manière ou d’une autre le texte extraordinaire qui s’appelle «  peuple race nation » écrit par Politzer en 1939 à la veille d’une interdiction du parti communiste français. Vous savez que Politzer ensuite va payer de sa vie ce type d’écrit puisqu’il sera fusillé par les nazis. Et il explique bien que la nation, elle a des bases matérielles, elle s’enracine dans des réalités matérielles. Alors ça, c’est donc l’aspect purement théorique.

Je résume, il n’y a pas d’un côté la nation et de l’autre mondialisation, ça c’est ce qu’on veut nous faire croire. C’est la pensée métaphysique ou bien ou bien. En réalité il faut dialectiser ces deux termes. Dialectiser c’est-à -dire penser les deux contraires ensembles. Et pour cela le matérialisme doit donner un contenu de classe. C’est facile. En face du nationalisme réactionnaire et du mondialisme capitaliste qui marchent main à main, vous avez le patriotisme républicain et l’internationalisme prolétarien. C’est ça la véritable opposition, et là , je le restitue sur des bases de classes. Sur la base de l’antagonisme de classes. Donc je parle d’une réalité matérielle.

Alors maintenant, comment ça fonctionne aujourd’hui dans les conditions qui sont celles de notre pays ? Je ne parlerai pas de l’Amérique latine puisque nos amis ambassadeur en parleront mieux que moi, je me centrerai sur l’Europe et je constaterai un certain nombre de choses.

Du côté de la bourgeoisie du côté de la classe dominante, disons l’oligarchie capitaliste, comment fonctionnent les choses ? D’un côté, ces gens veulent carrément liquider la France, ni plus ni moins, il faut absolument là aussi que vous lisiez si vous n’avez pas encore fait, un autre texte tout à fait capital qui indique quelle est la stratégie de la bourgeoisie. Ce texte, c’est le manifeste qui est publié fin 2011 par le Medef par Mme Laurence Parisot que vous trouverez sur son site et qui s’appelle «  le besoin d’aire » avec un e à la fin c’est-à -dire de surface et on vous montre qu’en réalité à notre époque le Medef, et bien, il est allé trop en France, il ne veut plus de la France il ne veut plus des frontières françaises. Il veut l’union transatlantique c’est-à -dire d’une part l’Europe capitaliste avec au centre Berlin, c’est quasiment dit comme ça, avec une langue unique qui sera l’anglais, on n’en finirait avec le français et cela va à toute vitesse dans les entreprises pour la substitution de l’anglais au français notamment dans les entreprises du CAC 40. Et on veut ensuite plus largement que ça, l’union transatlantique, c’est-à -dire Berlin/Washington qui décident pour l’essentiel. C’est écrit en toutes lettres, si vous regardez les choses de près, vous aller voir que je n’exagère rien, que je suis en dessous de la réalité. Par exemple ils ne veulent plus de l’État nation proprement dit, ils veulent reconfigurer le territoire. Reconfigurer le territoire, ça veut dire que l’on ignore les frontières du pays et que l’on fait de grands ensembles transfrontaliers, par exemple dans le Pas de Calais avec une partie de la Belgique et l’Angleterre, le Languedoc-Roussillon est regroupé à la Catalogne espagnole, ça tombe bien parce que il y a aussi un mouvement en Espagne qui va dans ce sens, comme par hasard et ainsi de suite.

C’est la fin de la France en tant qu’entité politique et cela ira très vite. Regardez le parti socialiste qui ne dit pas les choses de la même façon, mais c’est la nouvelle étape de la décentralisation. Qu’est-ce qu’il va rester à l’État central ? Rien, littéralement rien, notamment pourquoi est-ce que le Medef veut cela ? Il faut toujours chercher des intérêts de classe, les intérêts de classe du Medef en particulier : négocier les conventions collectives, c’est-à -dire vos salaires à l’échelle régionale ou à l’échelle continentale. Parce que c’est beaucoup plus avantageux pour le Medef de négocier à ce niveau-là que d’avoir des conventions collectives nationales.

Si après, vous avez 23 ou 25 régions en France qui sont concurrentes entre elles pour fixer les salaires pour fixer les qualifications et ainsi de suite, vous aurez une concurrence effrénée en France même entre les travailleurs. Et les délocalisations ne se feront plus seulement à l’échelle mondiale mais elles se feront dans le pays. De la Normandie à la Bretagne des patrons vont faire le tour de France sans arrêt pour chercher l’endroit où il y a le plus de subventions et où on paiera les salaires les plus bas. Voilà le but réel de tout cela.

Et en face de ça, le Medef n’est pas fou, Mme Parisot ne cesse de se disputer en apparence avec Marine Le Pen, mais en réalité elle en a besoin. Pourquoi ? Parce que pendant que la grande bourgeoisie du Medef, oligarchie capitaliste, détruit le pays avec l’aide de l’UMP et de la haute hiérarchie du PS, bien sûr, il faut un leurre. On ne peut pas dire aux gens «  on va détruire votre pays », cela ne passerait pas comme ça. Donc on agite le drapeau tricolore et ce drapeau tricolore, cette marseillaise on les agite sans arrêt pour les tourner contre nos compatriotes d’origine maghrébine ou musulmane en disant c’est eux le danger. Que je sache, si vous regardez dans les rues vous ne verrez pas d’inscriptions arabes, vous verrez des inscriptions anglaises partout. Le danger n’est pas là où on nous le dit, c’est un leurre idéologique, on essaie de tourner le peuple contre une autre partie du peuple alors qu’en réalité le véritable danger est celui de l’oligarchie capitaliste. On ne peut pas le voir.

Vous voyez comment fonctionne un côté groupiste l’internationalisme bidon de la grande bourgeoisie avec, pour tenir en tenaille le peuple, le nationalisme réactionnaire, le chauvinisme, la xénophobie, l’islamophobie et toutes ces choses-là . Cela c’est du côté de la grande bourgeoisie. Et de notre côté, du côté maintenant qui nous intéresse, celui des classes populaires, celui en fin de compte des travailleurs, et bien je pense que la véritable question pour nous c’est de nous réapproprier cette unité de patriotisme et de l’internationalisme pour faire en sorte que les travailleurs et la classe ouvrière arrivent à tenir à la fois dans ses mains, comme elle l’a fait aux plus belles périodes de son histoire du 20e siècle, Front populaire, résistance antifasciste, libération.

Rappelez-vous des grandes conquêtes, d’Ambroise Croizat qui a créé la sécurité sociale, de Maurice Thorez qui a créé le statut de la fonction publique, de Marcel Paul qui a nationalisé Renault et EDF et ainsi de suite. Tout cela se fait dans l’unité des deux drapeaux. La classe ouvrière à l’époque réalisant ce que Marx dit, souvent nos amis trotskistes nous disent que Marx est contre le patriotisme, parce qu’il dit que les ouvriers n’ont pas de patrie. Oui, mais il faut lire tout le paragraphe : les ouvriers n’ont pas encore de patrie nous dit Marx en réalité. Il faut que la classe ouvrière devienne la nation, autrement dit la classe dominante. Elle faut pour cela qu’elle défende les intérêts de la nation car quand la classe ouvrière défend les intérêts de la nation du même coup il y a un énorme terrain d’alliance avec les couches moyennes, avec celles qui sont salariées et pas salariées, pour justement se tourner contre ceux qui cassent la nation, le pays.

Et qui est-ce qui casse la nation et de pays ? Et bien, c’est l’oligarchie capitaliste, c’est le grand capital ce que l’on appelait dans le temps les monopoles capitalistes. Une large alliance anti monopoliste voilà ce qu’il nous faut d’une manière ou d’une autre. Non pas pour une Europe sociale car cette notion d’Europe sociale, en réalité, fard de rose habillé en rose, en quelque sorte la construction de l’empire européen. L’Europe sociale, c’est un leurre qui est agité devant notre nez depuis le début comme l’idée d’un euro au service du peuple, comme l’idée de toute une construction qui serait au service du peuple. Ça c’est pour nous accrocher à l’Europe capitaliste à la construction européenne, pour qu’on ne puisse pas la combattre de front. Et pendant ce temps qui va défendre la France ? En apparence le FN. C’est un piège terrible pour le peuple cela nous désarme totalement. Non il faut avoir le courage de dire qu’à un moment ou un autre quand on a affaire à un empire en construction, à un État de plus en plus fascisant, antidémocratique. Rappelez-vous ce que l’on a fait de la constitution européenne, on a dit non et quelque temps plus tard on a eu quand même la constitution européenne sous les aspects du traité de Lisbonne. Quand on a en face de soi ce genre de choses, et bien ma foi, on ne cherche pas un biais, on affronte, on va contre, on s’oppose on sait dire non catégoriquement.

À partir de là , si jamais nous rompions avec cette construction, et je signale au passage que le FN ne veut pas sortir de l’Europe, vous chercherez sur son site si je me trompe, mais vous verrez qu’il n’y a aucune idée de rupture avec l’union européenne et qu’ils ne veulent pas non plus sortir de l’euro, contrairement à ce que l’on croit, puisqu’ils disent qu’ils sont pour une sortie concertée de l’euro. Autrement dit, on va voir Mme Merkel, on discute avec tous les dirigeants européens et on voit tous ensemble comment on peut sortir de l’euro. En clair on ne peut pas sortir de l’euro, quelque chose comme ça, parce que Mme Merkel ne veut pas sortir de l’euro avec le grand capital allemand. Donc à partir de là , la question qui se pose est celle de la rupture avec cette construction qui est effectivement tournée contre les nations, qui détruit notre souveraineté nationale et qui détruit tous nos acquis sociaux les uns après les autres. Il ne va plus rien rester, y compris l’emploi en France. Voyez par exemple le parti, dans les années de Georges Marchais, défendait le slogan du «  produit français » peut-être ce n’était pas très heureux de dire cela comme ça parce que quand on dit «  le produits français » c’est vite récupéré par le FN qui disait le produit français avec les Français, ça devient xénophobe. Mais cela n’a rien de xénophobe que de défendre la production en France, sinon il n’y a plus de classe ouvrière, s’il n’y a plus de production il n’y a plus de classe ouvrière, et par conséquent sur quoi on s’appuie pour transformer le pays et pour aller vers le socialisme ? Bien évidemment il faut défendre le produit en France c’est tout à fait indispensable sinon un pays qui n’a plus de production comme la France petit à petit s’endette et devient totalement dépendant et finalement disparaît en tant que nation.

Je termine donc ici cet exposé en disant pour finir, quand on regarde les choses de près nous avons peut-être à renouer avec tout simplement nos traditions. Ce que je propose personnellement dans mon livre «  patriotisme et internationalisme » ce n’est pas quelque chose qui est sorti de mon cerveau comme ça pendant la nuit, c’est retrouver le fil de notre histoire. Rappelez-vous, en France, quelles sont les grandes périodes dans lesquelles le peuple français, non seulement à marqué des points pour lui-même, mais à marqué des points pour le monde entier, c’est d’abord la révolution française. À l’époque, la défense de la nation c’est aussi la défense des droits de l’homme à l’échelle universelle : liberté égalité fraternité. Vous voyez bien que ces trois termes ne sont pas dits pour la France mais pour le monde. Universalisme et patriotisme, ça marche ensemble.

À une époque plus récente ça a été la commune de Paris, qui a été selon Marx ou Lénine, le premier état prolétarien au monde. La commune de Paris a commencé par un mouvement patriotique, c’est lorsque les communards ont refusé de rendre les canons à Thiers qui voulait justement capituler devant les prussiens et faire de Paris ville ouverte. Les communards ont défendu Paris, ce sont les Versaillais du camp d’en face qui rampaient devant Bismarck pour écraser les communards. Voyez donc ici qu’il y avait un lien très fort entre le patriotisme et l’internationalisme des communards. La dernière période de l’a voit, celle notamment de la libération et la résistance qui a précédé. Je termine par une note lyonnaise si vous voulez puisque nous sommes à deux pas de Lyon. Lyon c’est la capitale française de la résistance et on connaît le rôle qu’ont eu dans la libération de Lyon les régiments des francs tireurs partisans de la main-d’œuvre immigré FTP-MOI, qui se battaient sous le drapeau tricolore.

Et c’est cela que le parti communiste français de l’époque, sous la houlette en gros, de penseurs d’intellectuels, d’ouvriers, comme Maurice Thorez ou Jacques Duclos ont su faire, faire en sorte que les immigrés soient au cœur de la résistance patriotique française et qu’inversement la France de l’époque ait pu intégrer, sur ces bases-là , des bases hautement politiques, les immigrés dans le mouvement national. On a vu ce que cela a donné au moment de la libération avec un grand progrès social pour notre pays. Voilà je ne vais pas plus loin, je crois que j’ai déjà été assez long dans mon exposé. Je vous remercie.

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