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Acte VIII, le mouvement social continue !

Samedi 5 janvier 2019

Nous étions plusieurs militants communistes à la manifestation des gilets jaunes ce samedi 5 janvier à Lyon. Je suis venu avec un panneau présentant des revendications insistant sur le pouvoir d’achat, donc l’augmentation des salaires et mettant en avant les incroyables revenus des plus riches dans notre pays. Il me semble en effet important de ne pas lâcher ces revendications initiales dont les médias ne parlent plus, l’ISF étant passé sous la table pour eux.

Tout d’abord, c’était une belle manifestation, plus d’un millier de personnes avec une manifestation très dynamique remontant de Bellecour aux Terreaux avant de redescendre sur les quais jusqu’à Confluence [1]. On dit souvent que les gilets jaunes ne sont pas organisés, pourtant visiblement, les coordinateurs donnent des consignes, et s’il y a parfois des hésitations, certains groupes proposant d’autres trajets, globalement, les organisateurs ne laissent pas la manifestation se diviser comme d’autres fois. Ce sera plus compliqué vers la Mulatière avec l’envie de certains d’aller bloquer l’autoroute, mais pour l’essentiel du défilé, il est tout aussi bien organisé que de grandes manifestations syndicales, voitures sonos en moins.

J’ai noté à plusieurs reprises des coordinateurs gilets jaunes intervenant pour que la manifestation se déroule dans le calme, et par exemple stoppant deux jeunes tentant de mettre le feu à une poubelle jusqu’à rapporter le bac à sa place.

Beaucoup de manifestants me font des commentaires positifs sur mes panneaux, leurs contenus, notamment les retraités dont les revendications sont résolument sociales, et personne ne me reproche de les avoir signé « PCF Vénissieux » avec pourtant un logo faucille et marteau vite reconnaissable…


J’ai une longue discussion avec un manifestant que je ne connais pas, mais dont on découvre qu’on est tous les deux informaticiens de métiers, qui a été comme moi délégué syndical pendant une décennie. Il tire de son expérience syndicale le sentiment d’un manque de combativité pour se défendre. Il a comme moi connu des plans de licenciement, mais dans une grosse boite qui versait des millions à ses actionnaires, et il ne comprend pas pourquoi les salariés, et les syndiqués, n’étaient pas plus combatifs pour se défendre.

Il met en avant la revendication du référendum populaire, alors que j’insiste sur la revendication du salaire. Discussion utile et qu’il faudrait poursuivre. Il me semble qu’une revendication de référendum peut être un piège, si elle se limite au refus du « matraquage fiscal », et ne met pas en avant d’un coté l’exigence d’une hausse des salaires et de l’autre, le retour de l’ISF et une politique rigoureuse sur les très hauts salaires. Macron pourrait très bien la retourner pour en faire une arme contre les dépenses publiques et les statuts, terminant de démonter la SECU en laissant croire qu’elle coute trop cher !

D’un autre coté, la revendication de référendum traduit la recherche d’une issue à une crise politique qui rend illégitime tout pouvoir institutionnel existant. Elle pose de manière concrète la question de la souveraineté populaire. La discussion aurait pu être celle du congrès du PCF ! La démocratie est-elle possible réellement dans le capitalisme ?

J’ai croisé quelques vénissians, peu nombreux, mais déterminés pour poursuivre le mouvement. C’est ce qui est le plus frappant, la détermination de ceux qui sont le plus engagés dans ce mouvement. J’ai été étonné de voir des femmes qui n’avaient rien de « racailles de banlieue », invectiver avec colère les policiers, et il fallait beaucoup de diplomatie pour leur faire remarquer que les policiers ne sont en fait que des fonctionnaires qui appliquent des ordres. C’est aussi ce qui rend difficile le déroulement de la manifestation, surtout au bout de deux heures… Car un nombre significatif des manifestants veut démontrer la légitimité de leur action, et donc imposer le droit d’aller partout où ils le décident. Ils ont bien compris que le blocage d’un point, d’un rond-point et évidemment d’une autoroute, a un impact énorme. Ont-ils tort de considérer que c’est ce qui marque le rapport de forces ?

Je comprends l’insistance de Philippe Martinez sur la bataille dans l’entreprise, et je partage son avis, c’est décisif pour mettre en cause vraiment le patronat et l’appropriation privée des richesses créées par le travail. Mais d’un autre coté, si plus de salariés faisaient l’expérience d’actions collectives de blocages, peut-être prendraient-ils plus de confiance pour oser organiser le blocage… de la production, c’est à dire la grève. Il y a évidemment un risque que la manifestation de rue soit un exutoire pour ne pas affronter le capitalisme là où il s’approprie le profit, mais elle peut aussi être une expérience formatrice pour construire une détermination d’action.

En rentrant en métro, je discute avec plusieurs groupes venant de la manifestation, et qui descendent à Vénissieux…pour reprendre leur voiture. Il y avait visiblement des manifestants de toute la région urbaine…

En tout cas, la tentative médiatique d’affirmer que le mouvement était sur sa fin, réduire à quelques excités, aura fait long feu. Le mouvement social continue et il peut prendre de nouvelles forces pour continuer à bousculer la vie politique. Visiblement, les gilets jaunes s’organisent, tant mieux. Je crois que toutes les forces progressistes doivent se mobiliser pour élargir le front des luttes.

[1je ne suis pas resté… mais la manifestation s’est poursuivi jusqu’à la halle Tony Garnier avant de retourner à Bellecour… quelle énergie !

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