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5es rencontres internationalistes de Vénissieux

200 internationalistes à Vénissieux

dans chaque situation, partir du réel et de ses contradictions…
Lundi 29 octobre 2012 — Dernier ajout vendredi 10 octobre 2014

Les rencontres internationalistes de Vénissieux ont une nouvelle fois permis à plus de 200 militants de se rencontrer avec des représentants de différents partis communistes et pays pour mieux connaitre la situation politique du monde et être mieux armé pour faire le lien entre les luttes locales, nationales et internationales.

Un livre compte-rendu sera édité (vente en souscription ouverte à la section de Vénissieux) avec un DVD et les interventions complètes seront progressivement mises en ligne.

Cette année, les rencontres commençaient par une soirée organisée par le mouvement de la Jeunesse Communiste le vendredi soir, avec le témoignage d’une jeune communiste grec et d’une jeune communiste tunisienne. Un succès pour cette première séance avec près de 80 participants dont une majorité de jeunes.

A noter que la JC avait aussi dans la semaine organisé un débat réussi à la fac avec Domenico Losurdo devant plus de 50 étudiants… On attend avec impatience aussi leur compte-rendu.

La journée du samedi était organisée en trois débats, comme les années précédentes, ce qui faisait une journée bien chargée. La matinée a commencé par une rencontre sur l’internationalisme avec deux ambassadeurs (Cuba et Bolivie) introduite par le philosophe Georges Gastaud.

Patriotisme et internationalisme 

C’est Laurent Brun, militant communiste d’Oullins et par ailleurs syndicaliste cheminot qui préside la séance. Il excuse l’absence de Jesàºs Arnaldo Perez, ambassadeur de la République bolivarienne du Venezuela et annonce la présence d’un camarade Nicaraguayen dans la salle… Il présente les intervenants

  • Georges Gastaud, écrivain et philosophe communiste auteur notamment du livre «  Patriotisme et Internationalisme, Eléments de réflexion marxiste sur la question nationale »
  • Jean Paul Guevara Avila, ambassadeur de la république de Bolivie.
  • Orlando Requeijo Gual, ambassadeur de la république cubaine

Le débat d’une heure a permis d’exprimer comment cette question du patriotisme s’exprime dans chaque situation nationale. Georges Gastaud rappelant le lien construit dans toutes les périodes révolutionnaires entre drapeau tricolore et drapeau rouge, Orlando Requijo Gual partant de la célèbre maxime « Patria o muerte, venceremos » pour montrer que la question se pose dans des situations historiques qui ne sont pas toujours les mêmes, la défense de Cuba passant aujourd’hui d’abord par ses liens avec l’Amérique Latine et le reste du monde. Jean Paul Guevara Avila soulignant que la question nationale se pose très différemment en Bolivie avec des peuples indiens opprimés qui exigent la prise en compte de leur spécificité dans la révolution Bolivienne. Cela le conduit à privilégier une autre maxime célèbre du continent « ma patrie c’est le monde ».

La discussion a été riche et concerne les militants Français qui sont confrontés à une bourgeoisie qui défait les nations en Europe, certains soulignant que l’exemple de la Belgique ne vient qu’accélérer le phénomène de l’Europe des régions (Catalogne. Lombardie…) dont Georges Gastaud dira qu’elle répond aux exigences du MEDEF de mise en concurrence des zones économiques pour faciliter la mobilité du capital à la recherche de la plus forte subvention et du plus bas salaire…

La conclusion est peut-être de reprendre ce que souligne Orlando. Nous avons combattu et finalement détruit l’ALCA, un projet d’intégration économique fondé sur le libre-échange, et nous avons imposé l’ALBA, un projet politique de coopération pour le développement… Un exemple à méditer pour l’Union Européenne ? D’autant que plusieurs intervenants évoquant le SUCRE comme une monnaie commune, Jean-Paul Guevara rappellera qu’il ne s’agit pas d’une monnaie, mais seulement d’un mécanisme de compensation.

Après ce débat riche, c’est un slameur bien connu des Vénissians qui déclamera un texte fortement inspiré de Mai 68 avant de demander à la salle de lui proposer des mots qu’il installera dans une improvisation…

C’est alors notre camarade Michèle PICARD, maire de Vénissieux, qui prononcera un discours officiel d’accueil des ambassadeurs avant que tous les invités se regroupent pour une photo qui fera certainement le tour d’Internet !

L’après-midi a été consacrée aux rapports des partis communistes avec leur histoire et la conséquence sur leur lecture de la situation politique actuelle

Les partis communistes d’Europe et leur histoire

C’est Serge Truscello, secrétaire de section du PCF Vénissieux, qui présida la séance en soulignant que l’histoire des partis communistes en Europe est marquée depuis 20 ans par une grande diversité de choix stratégiques, depuis la dissolution du PCI en une «  cosa » qui l’a détruit, jusqu’à la réaffirmation révolutionnaire du KKE en 1996, en passant par la lente mais longue mutation du PCF. La création du PGE représente une accélération des divergences puisque des partis communistes n’en font pas partie, alors que des partis non communistes le sont. Il présentera les intervenants :

  • Domenico Losurdo, philosophe Italien, membre du PdCI, président de la Société hégélienne international, auteur de nombreux livres dont Fuir l’histoire, Éditions Delga et Le Temps des Cerises, 2008, et de Staline : histoire et critique d’une légende noire, Aden, Bruxelles, 2011)
  • Marie-Christine Burricand, conseil national du PCF, coordinatrice du réseau Faire Vivre et Renforcer le PCF.
  • Chrysanthie THERAPONTOS, communiste originaire de Chypre.
  • Vladimir Caller, journaliste communiste Belge
  • Gudrun Stelmaszewski, communiste du DKP

Il informera les rencontres que le responsable des relations internationales du PCF, un temps annoncé comme intervenant, nous a finalement informé qu’il ne pouvait participer étant en déplacement à Cuba, mais que ce débat lui posait un problème, ce qui explique sans doute l’absence d’un représentant de la direction du PCF comme de l’exécutif fédéral. Surprenant quand des communistes de nombreuses sections du Rhône, et de toutes opinions étaient par contre présents. Pour ce qui concerne la section de Vénissieux, c’est une nouvelle fois une réussite démontrant que les communistes peuvent agir ensemble, indépendamment de leur débats internes. Il est vrai que J. Fath nous informera que c’était aussi la raison de l’absence de représentant officiel du PCP (Portugal) et de l’AKEL (Chypre), qui avaient un moment accepté le principe d’une invitation. Faut-il comprendre que les directions craignent le rapprochement entre communistes ?

Il nous semble au contraire, que face à la crise et à l’accélération de l’Europe fédérale, il est au contraire essentiel pour les communistes de faire le bilan de ces choix politiques différents, et à minima de les connaitre et les comprendre.

D’autant que le camarade grec Procopios PANAGOULIAS n’a finalement pu être présent. Le KKE, dont on se rappelle qu’il avait été exclu des partis invités à la fête de l’humanité, insiste sur la nécessité de débats clairs sur cette question et a proposé à la section de Vénissieux une réunion de travail prochaine pour approfondir le sujet. Nous avons bien sûr accepté cette proposition et pour ces rencontres, nous avons proposé de lire la déclaration du KKE sur le PGE.

Cela souligne la difficulté créée par la création de ce PGE qui ne dit pas clairement ce qu’il est pour les partis communistes. Certains commencent ainsi à nommer le PCF le « PCF-PGE », les statuts du PGE demandent à chaque parti de s’inscrire dans les décisions du PGE, chaque parti n’étant alors plus autonome dans ses choix politiques [1]

Enfin, à noter un message du PC tchécoslovaque, pris par les suites de son succès aux dernières élections et par sa participation à la fête nationale du 28 Octobre qui nous transmet un salut fraternel.

Pour prendre du recul sur cette discussion, le philosophe communiste italien Domenico Losurdo décrira la situation du monde tel qu’il l’analyse depuis la crise qui a conduit à la restauration du capitalisme et à la défaite du socialisme à l’Est, ce qui le conduira à quelques positions fortes pour les communistes dans la situation actuelle. Il soulignera ce qu’il appelle « l’autophobie communiste » qui a conduit des dirigeants à reprendre sans recul le discours dominant sur le stalinisme et la désintégration du socialisme. Il soulignera que la Chine, dont la révolution communiste a permis de gagner l’indépendance politique après un siècle de destruction coloniale, a choisi de construire son indépendance économique en faisant le pari de l’indépendance scientifique et technologique. De ce point de vue, c’est la grande différence entre l’URSS, qui faisait la « course » à la production avec le capitalisme, production tirée par l’affrontement militaire. Il caractérisera le monde actuel par la superpuissance militaire des USA, associée à un profond affaiblissement économique, situation porteuse de grands dangers. Il concluera sur la perspective d’un nouveau « bloc historique » faisant face au bloc impérialiste, appuyé sur les classes ouvrières du Nord et sur les puissances émergentes affirmant leur indépendance avec la Chine jouant un rôle essentiel, comparable à celui de l’URSS dans la guerre froide.

La camarade chypriote partira de la situation de son pays confronté à l’occupation et pour lequel l’enjeu de la réunification est un choix stratégique du parti communiste, ce qui le conduit à tenter d’utiliser l’Union Européenne comme un cadre international capable d’ouvrir une perspective de réunification. La situation incroyable du seul président communiste de pays, appellé donc à présider l’Union européenne fait bien sûr débat.

Le journaliste communiste belge insistera lui aussi sur la question nationale, la Belgique étant en quelque sorte sans doute le laboratoire européen de la destruction des états.

Marie-christine Burricand présentera la situation originale du PCF, qui n’a pas été dissous par sa « mutation », contrairement à d’autres partis, parceque les militants ont pesé pour garder le PCF, la question ouverte par son prochain congrès étant bien sûr celle du contenu politique porté par le parti, de sa stratégie dans la crise exacerbée du capitalisme. Elle évoquera le travail en cours pour une base commune alternative à l’orientation de la direction, base proposée par le réseau « Faire Vivre et Renforcer le PCF », dans une démarche qui cherche à unir le plus largement possible les communistes.

La discussion a été trop courte compte tenu de l’agenda de la journée et n’a fait que montrer la nécessité de poursuivre le travail de réflexion, autant sur la situation politique internationale, que sur les stratégies des partis communistes dans cette situation.

La troisième séance portait sur les guerres imposées par l’OTAN aux peuples

Les guerres de l’OTAN en Afrique et Moyen-Orient

C’est Pierre-Alain Millet qui présidera la rencontre, depuis la salle car les intervenants remplissaient la tribune, en remerciant tous les invités, et notamment les invités maliens et syriens dont les pays sont ravagés par la guerre.

  • Francis Arzalier, collectif Polex pour introduire ce sujet
  • Aissar Midani. Syrienne enseignante en France, qui représente l’Union des patriotes syriens, qui regroupe des soutiens et des opposants au régime se retrouvant dans le refus de l’intervention étrangère. Elle est accompagnée de Rida HASSAN.
  • Rafah Alhity, Parti Communiste d’Irak
  • Hussein SABAH, PC Libanais
  • Bassirou Diarra, Union Malienne, Rassemblement Démocratique Africain), Secrétaire général adjoint de la Présidence de la République.
  • Sette Diop, Responsable en France du Parti de l’Indépendance et du Travail (Sénégal).
  • Gilbert Kouessi, secrétaire du Parti Communiste du Benin

Du Mali en Syrie, l’Afrique et le Moyen-orient font face à une intervention multiforme de l’OTAN. Les puissances occidentales, après la réinvention du socialisme latino-américain et le développement des nouvelles puissances indépendantes, semblent reprendre la main dans ce nouveau Moyen-Orient annoncé par la guerre états-uniennes en Irak.

Nous avons un besoin vital de connaître la réalité de ces pays, dans leur complexité et leur contradiction, en refusant bien sûr les idées faciles que nous imposent la propagande militariste de nos médias, mais sans se contenter non plus de slogans théoriques.

Il est donc essentiel de connaître la position de communistes et de progressistes confrontés à de nouvelles formes d’intervention impérialiste contre la souveraineté des peuples, dans cette situation difficile à comprendre ou le Qatar, allié de la France, finance les rebelles syriens avec l’aide de la France, et finance aussi les islamistes qui occupent le nord du Mali apparemment contre la France…

La discussion ne pouvait pas effacer les contradictions ni bien sûr les analyses différents. La représentante syrienne insistera sur la manipulation étrangère des manifestations en Syrie, mais le camarade Libanais rappellera la légitimité du mouvement populaire et sa répression. Ce qui reste pour tout le monde est bien sûr la violence de l’agression de l’alliance occident-arabie contre le peuple syrien. Mais chacun comprend bien qu’il faut partir de chaque situation concrète quand le camarade malien souligne que son pays et son parti demande une aide militaire étrangère. Plusieurs intervenants l’interrogeront sur les risques de permettre à l’OTAN de s’installer dans la région, surtout quand on connait les richesses minérales du Sahara et les projets géostratégiques anciens des USA pour la région, mais il faut aussi répondre à l’appel du Mali, qui bien sûr ne demande pas une intervention de l’OTAN, mais une assistance technique de grands pays à une force africaine dirigée par le Mali.

L’assemblée décidera à l’unanimité de relayerla lettre au président de la républiqueproposée par le collectif Polex et exigeant l’arrêt des interventions militaires Françaises.

La discussion aurait pu là encore être beaucoup plus longue, mais les participants ont mieux pris conscience de la nécessité d’une analyse concrète de chaque situation concrète pour porter partout l’intérêt du monde du travail dans les luttes de classes, qu’elles soient locales ou internationales. Et Domenico Losurdo répondra ainsi à une question de Georges Gastaud sur la classe ouvrière chinoise pour dire que les luttes de classes s’expriment aussi dans les relations internationales, et qu’une classe ouvrière peut avoir intérêt à une lutte nationale, non seulement pour la conquête de l’indépendance politique, mais aussi pour la conquête de l’indépendance économique.

La journée se terminera avec la lecture d’un poème par notre jeune camarade Pierre-Olivier, qui choisira un poème de Nazim Hikmet (appel à la classe ouvrière turque) et comme les années précédentes en chansons pendant un repas fraternel, chacun évoquant déjà les 6es rencontres. Les communistes de Vénissieux ont pu annoncé d’ailleurs un évènement, l’accord du parti communiste chinois pour être représenté l’an prochain… à suivre.

A noter la présence de très nombreux auteurs, éditeurs et libraires pour ce qu devient un véritable village du livre, et l’exposition de Bruno Boeglin, metteur en scène et photographe qui exposait un reportage sur le Nicaragua et des œuvres photographiques.

[1ce qui rappelle de manière surprenante des questions internes de l’internationale communiste !

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